Et si… ? N’est-ce pas la question préférée du romancier ? À moins que ce soit celle de l’historien ? Que se passerait-il si ce personnage prenait la décision d’aller au sud plutôt qu’au nord ? Si cet explorateur nommé Colomb n’était pas allé au bout de son voyage ? Quelles conséquences sur la suite de la narration ? Que se serait-il passé si Atahualpa, empereur inca, avait débarqué en conquérant dans l’Europe de Charles Quint ? Si l’histoire avait été écrite par des vaincus qui auraient été les vainqueurs ?

En résidence au Musée d’Art et d’Histoire Paul-Eluard de Saint-Denis, Boris Hurtel continu d’explorer les correspondances étonnantes entre son travail et les collections qui l’entourent : le fonds Paul Eluard, les collections sur Francis Jourdain (dont la surprenante ressemblance avec Isidore, l’un des protagonistes de sa bande dessinée L’Avenir est ailleurs, ne lui aura pas échappé !) et sur la Commune de Paris de 1871…

Renouvelant le genre autobiographique à l’heure du Big data, Charly Delwart investigue les quarante-quatre ans de son existence au regard des données qu’elles ont produites, puis se lance dans l’entreprise rationnellement loufoque de mettre en perspective certaines d’entre elles… des exemples ? Nombre de fois où il a rangé la chambre de ses enfants en 2018 vs nombre de fois où ses enfants ont rangé la sienne ; difficulté imaginée vs difficulté réelle de la première fois qu’il a : été interviewé en radio / fait l’amour /menti / fait ses lacets / demandé une augmentation ; etc.

Lorsqu’un personnage de roman s’inspire d’un agent de la CIA défendu par un avocat, et que l’un et l’autre – romancier et avocat – se disputent pour savoir lequel des deux détient la version exacte de l’écheveau d’évènements improbables qui ont tissé sa vie, on se dit que Giancarlo De Cataldo, maître du polar italien et magistrat à la cour de Rome dans la vraie vie, a encore une fois réussi son pari. Surtout quand, refermant le livre, on se demande si ce fameux Jay Dark n’aurait pas bel et bien existé…

C’est la nuit. Un homme est là, debout, réveillé
depuis un moment.
Il tourne, il se souvient, il imagine, il se demande,
il se cherche dans cette nuit sans sommeil.
Autour de lui, on dirait que l’obscurité où ses mots résonnent se met à bouger, à vivre, à dialoguer.
Le jour se lève peu à peu.
Il est seul. Enfin, il le croit.

En partenariat avec
le festival Concordan(s)e : une rencontre inédite entre un(e) chorégraphe et un(e) écrivain(e)

Quelque chose d’encore plus grand que l’océan atlantique séparait sans doute Jack « Arthur » Johnson et Arthur Cravan. Le premier, afro-américain, était né dans une extrême pauvreté, de parents anciens esclaves et s’imposa en 1908 comme champion du monde de boxe catégorie poids lourds – la seule catégorie (qui était aussi la plus prestigieuse) où avant lui les noirs ne pouvaient affronter les blancs.

Deux soeurs, deux destins. L’une découvre l’amour, l’autre s’exerce à la médecine et brave les conventions du XIIe siècle.
Au coeur de ce roman renouvelant le genre « historique », Camille de Peretti offre une chanson de geste émancipatrice et un voyage dans les us et coutumes médiévaux. L’autrice évoque dans une langue médiévale et belle la soif de conquête des hommes et le statut des femmes, soumises aux aspirations masculines et aux aléas de leur époque. Ce récit d’une rébellion contre l’ordre établi tient en haleine jusqu’à son dénouement… heureux ?

Éric Da Silva « écrit, comme on s’emballe, pour un tout, un rien comme on dit en dehors du sens des mots, au milieu d’instantanés de mémoires, de récits privés, empruntés ou pas – sans choisir entre les variantes de chaque expression, les diverses lectures d’une même réplique – une parole manquée qu’on ne s’attendait pas à entendre, qu’on ne connaissait pas, qu’on ne s’était jamais dite – qu’on n’était pas capable d’imaginer ».

Proposant un théâtre de texte où le désir de questionner le réel est au centre de chaque création, Dominique Lurcel présentera aux festivaliers d’Hors limites sa dernière pièce quasi inédite Passeports pour la liberté, extraite du livre du sociologue et professeur Stéphane Beaud : La France des Belhoumi.

En faisant le choix de confronter des histoires intimes aux soubresauts de l’Histoire, tout en ayant pour but de redonner une place à ses acteurs·trices invisibles et engagé·e·s, Désirée et Alain Frappier construisent une oeuvre humaniste et très documentée sur la complexité du monde social et politique. Là où se termine la terre et Le Temps des humbles, une série de deux romans graphiques, se consacrent à l’histoire du Chili, à ses luttes, et à sa jeunesse désillusionnée.