Une lecture attentive de la bibliographie de Marie-Hélène Lafon fait apparaître un biais qui n’est pas le plus repéré : la peinture est une des passions de la romancière. À l’instar de Pierre Michon ou de Charles Juliet qui ont écrit sur des artistes, Marie-Hélène Lafon est l’autrice d’un livre sur Jean-François Millet par exemple, et sur quelques autres.
On peut piloter une moto et ne pas savoir comment fonctionne son moteur. Mais on peut aussi composer des fictions et aimer descendre, de loin en loin, dans la salle des machines. Ce qu’a fait Marie-Hélène Lafon à plusieurs reprises, en écrivant sur Flaubert, Gracq ou Riboulet, ou sur sa propre fabrique d’écriture.
Depuis Le soir du chien, publié en 2001, Marie-Hélène Lafon s’est imposée comme une romancière singulière. À la façon d’un Faulkner avec le sud des États-Unis, ou d’un Pierre Michon avec la Creuse, Marie-Hélène Lafon a fait du Cantal son territoire d’écriture, et de la famille son sujet de prédilection.
Allumez l’écran merveilleux, partagez votre localisation, devenez un point à suivre, à attendre, à pourchasser, à aimer… c’est le destin de Sandrine qui, craignant que son amie Ariane, la narratrice, ne se perde sur le chemin menant à sa fête de fiançailles, commet l’irréversible : « Sandrine souhaite partager sa localisation avec vous».
Après deux albums très remarqués, dont le magnétique Aimant, sorti en 2017 chez Sarbacane, et la réalisation de l’affiche 2021 du festival Hors limites, Lucas Harari revient avec un album court de vingt-cinq pages, muet et percutant.
« Elle venait de la pluie, de l’ouest et sentait le chien mouillé ».
Un soir, Sophie, devant sa maison, regarde la nuit tomber sur les fougères et la montagne devenir violette. Elle voit soudain débouler une petite chienne. L’observant de plus près, elle s’aperçoit que l’animal a été victime de sévices sexuels et qu’elle a brisé sa chaîne. « On va la garder » déclare-t-elle à Grieg, qui partage sa vie depuis soixante ans dans cette bâtisse du 18e siècle, au cœur d’un hameau des Vosges. Un regard plus tard, elle la baptise Yes.
Quel est le point commun entre des rails en lignes de fuite chez Mattia Filice, l’enfermement psychiatrique et le voyage à l’iboga de Seynabou Sonko, la traversée, depuis la banlieue parisienne, des révoltes et des luttes des années quatre-vingt-dix et deux mille où nous entraîne Rouda ?
Pas de thématiques communes, hormis les échappées et perspectives que ces trois auteur·ice·s proposent chacun·e·s à leur manière – et le fait que ce sont trois premiers romans de la rentrée de janvier 2023 sous les auspices desquels nous avons voulu ouvrir notre festival.