Sarah a presque dix-huit ans. Elle vit dans une petite ville du bassin minier, près des terrils. De loin, la narratrice, une écrivaine queer, observe l’adolescente s’entraîner à la course dans la torpeur de l’été. Elles se sont croisées une seule fois. Sarah aime les filles et se heurte à l’incompréhension de son entourage, qui n’admet pas plus son végétarisme et son goût de la lecture. Quand sa mère découvre sous son matelas un roman qui met en scène un amour entre deux femmes, elle entre dans une colère noire.

Quand Cora revient au travail après son congé maternité, elle retrouve son poste et son rythme de cadre dynamique, dans la compagnie d’assurance Borélia. Elle est intelligente, appréciée par ses collègues, heureuse en couple… Que pourrait-il bien lui arriver ? Mais très vite, peut-être dès les premiers regards posés sur ses cernes de jeune maman, elle se sent oppressée. Son entreprise, en pleine mutation, déménage à la Défense.

« Au cours de cet atelier, nous avons questionné notre rapport aux vêtements. Nous nous sommes intéressés à ce qu’ils cachent ou révèlent, au rôle qu’ils jouent dans la rencontre avec les autres. Qu’ils sortent des ateliers de confection tout proches du géant du luxe Hermès ou de multinationales de prêt-à-porter, ils signifient bien plus qu’une simple question d’habillage. Neufs ou anciens, possédés ou seulement désirés, les vêtements parlent de nos corps, de nos vies. La vie de celles et ceux qui les portent, de celles et ceux qui les fabriquent.

Avec Combien de pas jusqu’à la Lune ? Carole Trébor met en lumière le parcours d’une figure féminine que l’Histoire a oublié, celle de Katherine Johnson, une brillante scientifique noire-américaine qui a fait carrière à la NASA dans les années 1960, et qui a permis aux hommes d’aller sur la Lune après avoir calculé les trajectoires de la mission Apollo 11.

Autrice et scénographe, l’oeuvre de Karin Serres est impressionnante : une soixantaine de pièces de théâtre, dont la moitié destinée au jeune public, en plus de romans pour enfants et adultes, d’albums et pièces radiophoniques, de chansons et de feuilletons. Explorant de très nombreux thèmes, la succession de ses titres fait comme un poème : Bitume Farouche, Samouraï Ferraille, Zut aux pies, Insolite Soliloque – et tout ce qui peut s’inventer mettant en lien l’écriture théâtrale et le public l’intéresse !

« Vaincre à Rome, c’est le monologue intérieur d’Abebe Bikila, le coureur éthiopien qui remporte le marathon aux JO de Rome en 1960, à l’endroit même où Mussolini envoya ses troupes à la conquête de l’Éthiopie. Pieds nus. C’est l’histoire d’un homme qui « relève son peuple », qui allume une flamme, seul. Accompagné par les mots d’Hailé Sélassié, les conseils de son entraîneur qu’il surnomme Papa, le souvenir de la femme qu’il aime mais vraiment : seul. C’est une véritable prouesse littéraire, passée trop inaperçue à mon goût et sans conteste l’un des plus beaux romans de 2019.

Une ville moyenne, 17 900 habitant·e·s. Une usine – Matra Automobile – qui a fermé depuis quinze ans et une amie d’enfance, retrouvée sur Facebook, engagée dans le mouvement des gilets jaunes avec l’énergie du désespoir… pour Nassira El Moaddem, ancienne directrice du Bondy Blog, c’est le signe qu’il faut enfin concrétiser ce projet mûri depuis longtemps : retourner à Romorantin en enfant du pays, mais pour y enquêter, comme la journaliste qu’elle est devenue.

Impasse Verlaine raconte l’histoire de deux petites filles, dont l’une deviendra la mère de l’autre. Celle de Vendredi, bergère analphabète dont le père a été assassiné par les soldats français. Mariée au premier venu puis débarquée d’Algérie en France en compagnie de celui-ci, elle reportera sur sa fille la violence que sa propre mère lui faisait subir. De Meskiana à Clermont-Ferrand, c’est une relation maternelle en ombre portée qui est au coeur du premier roman de Dalie Farah.

Chimère est une conférence-performance qui déploie avec films et musique quelques motifs du livre Chimère : un jour, Emmanuelle Pireyre est à la plage avec des enfants. Le téléphone sonne : c’est le journal Libération qui lui propose d’écrire un article. Sans raison aucune, au lieu d’un sujet intéressant, elle choisit de traiter dans son article de l’autorisation d’un maïs OGM par la Commission européenne.

C’est une histoire d’une autre époque que l’on pourrait croire surréaliste si elle ne s’appuyait pas sur des photographies et des documents d’archives : celle des explorateurs suédois Andrée, Fraenkel et Strindberg partis en 1897 cartographier le pôle Nord en ballon dirigeable et portés disparus pendant plus de trente ans.