Nathalie Quintane enseigne à Digne-les-Bains, tout comme Nelly Cavallero presque 50 ans avant elle. Celle-ci défraya la chronique locale au mitan des années soixante-dix, et fut radiée de l’Éducation nationale pour de prétendues orgies auxquelles elle aurait incité des élèves à prendre part, dans le « local à vocation collective » qu’elle louait en centre-ville.
Si l’écriture à partir d’un fait divers est devenue fréquente dans la littérature contemporaine, la démarche de Nathalie Quintane n’est pas de rouvrir l’enquête pour mettre au jour des éléments négligés du dossier, mais relève bel et bien d’une « mise à jour » dans laquelle elle se donne pour objectif de mettre en lumière notre présent. Alors même que, aujourd’hui comme hier, « les institutions craignent et quand elles craignent, elles tapent », que nous dit cette vague de sanctions disciplinaires ayant touché Nelly Cavallero et d’autres professeur·e·s dans le contexte post-68 ?
En prenant pour centre ce personnage « excentrique », La Cavalière de Nathalie Quintane produit de la pensée par à-coups, réajustements, pas de côté, rectifications : une façon « cavalière » de raisonner qui, comme souvent dans son œuvre, s’avère politiquement très stimulante !