Comme tous les Français, Yancouba Diémé avait en mémoire les reportages du Journal de 13 heures et ses portraits nostalgiques des villages de nos régions, désertés par l’exode rural. Et c’est un village presque de ce type qu’au détour d’une conversation avec Apéraw, son père, il entreprend d’exhumer de la mémoire de celui-ci : un village en Casamance, dans le sud du Sénégal. Un village avec son peuple de riziculteurs chassé par les sécheresses des années 50. Apéraw, fut de ceux-là : parti tout d’abord à Dakar, puis en France, dans les usines Citroën d’Aulnay-sous-Bois.
Or, c’est trente ans plus tôt que naquit Aline Sitoé Diatta, héroïne de la résistance en Casamance contre la colonisation française, à qui Karine Silla rend un splendide hommage dans son dernier roman. Guidée par des voix intérieures (et de ce fait souvent comparée à Jeanne D’Arc), elle entraina la population dans un mouvement de désobéissance civile et non-violente avant d’être arrêtée et jugée par l’administration coloniale française, puis déportée à Tombouctou, au Mali, où elle meurt du scorbut en 1944 à l’âge de 24 ans.
Figure historique invisibilisée, ou héros familial couvrant son histoire d’une chape de silence, les deux existences qui sont au centre des livres de Karine Silla et Yancouba Diémé racontent, dans leur précieuse singularité, quelque chose d’éminemment collectif.
Une production de l'Association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis, avec le soutien du Conservatoire Jean Wiener de Bobigny
Réalisation : Pierre Mauduit & Quentin Mouyal
Interview : Claudia Minerba & Julien Missioux
Conception : Bibliothèque Elsa-Triolet de Bobigny
Conception graphique : Studio des formes