Kateb Yacine. Les manifestations du 8 mai 1945 à Sétif auxquelles il prend part alors qu’il n’est encore qu’un collégien, leur répression sanglante par les autorités coloniales françaises : 45 000 victimes. Et, pour lui, la prison, la torture. La folie de sa mère internée pour le reste de sa vie, car elle le croyait mort. Un premier recueil de poésie publié à seize ans, puis Paris, et de nouveau l’Algérie où il devient journaliste au quotidien Alger républicain. Puis encore Paris où il sera tour à tour maçon, terrassier, ramasseur de pommes de terre, vendangeur, conducteur de brouette, soudeur, argenteur, veilleur de nuit. Un premier roman à vingt-sept ans, Nedjma, qui sort en pleine guerre d’Algérie.
L’Algérie où il retournera en 1962, après dix ans d’exil, pour assister à la confiscation de l’indépendance par l’armée. Puis l’exil, encore, après le coup d’État du Colonel Boumediene. Alors, il sillonne l’Europe, séjourne en URSS et en Chine, vit à Hanoï, aux pires moments de la guerre du Vietnam, puis l’Algérie, encore et de nouveau, pour se consacrer définitivement au théâtre – avec un succès des deux côtés de la Méditerranée qui fera de lui la bête noire du régime. Chassé d’Alger en 1978 avec sa troupe, exilé dans un village désert de l’Ouest algérien, il ne renonce pas. Il continue à faire du théâtre jusqu’à ce que la maladie l’emporte à soixante ans, à Grenoble, en exil – encore et toujours…
Soirée de clôture Lecture de Mohamed Kacimi & Manon Worms
Dans la gueule du Loup, sur les pas de Kateb Yacine
Mohamed Kacimi
Mohamed Kacimi est un auteur, poète, romancier, dramaturge, scénariste et essayiste algérien. Il a reçu le prix Lugano du Théâtre pour sa pièce 1962 (Actes Sud, 1998) et le prix SACD de la francophonie en 2005. Il est président de l’association Écritures Vagabondes qui organise des résidences d’écritures internationales et travaille à Toronto, Montréal, Anvers, Damas et Alep aux côtés d’Olivier Py ainsi qu’à Beyrouth.